Kimwe mu guhemukira kahise kacu 

L'une des trahisons de notre Histoire 

 L’IDENTIRE MURUNDI ET LA LUTTE POUR L’INDEPENDANCE

 

LA DESTRUCTION DE L’IDENTITE MURUNDI ET LES DEFIS DE SA RECONSTRUCTION

 

 

LES DAMNÉS DE LA TERRE Chap. III

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 INDEPENDANCE DE LA MAGISTRATURE

 

LA LECTURE, POUR DES DEBATS CONSTRUCTIFS

 

 

Etat de droit

 

 

Afrique profonde

 

         COURS D’EDUCATION POLITIQUE

POUR LES FUTURS LEADERS DU BURUNDI

 

   

     Il était une fois...au BURUNDI

 

 

          Ça va se savoir (1ère partie)

 

       Ça va se savoir (2ème partie)

 

  LES 40 JEUNES MARTYRS DE BUTA

 

LES GENOCIDES AU BURUNDI

L’UPRONA, DU PARTI INDEPENDANTISTE AU PARTI ETAT 

             Une réflexion sur l’histoire politique du Parti Uprona qui invite à une question : le Parti UPRONA peut-il être redynamisé ? Le pays est dans un tournant décisif et délicat.

Ce thème, historique et polémique, sera traité en deux temps : d’abord, les trois visages de l’UPRONA.

                  Sous ce titre, sera donné un aperçu très bref de l’histoire du Parti. Nous verrons que celui-ci n’a pratiquement plus existé depuis la mort de son fondateur. En effet, d’après Larousse, un parti, dans le sens qui nous intéresse, est « une association de personnes constituées en vue d’une action politique ».

Or depuis le 13/10/1961, au lieu d’association, il y a eu plutôt dissociation. Ensuite, la redynamisation de l’UPRONA. Il s’agira d’une courte réflexion sur les méthodes actuellement utilisées pour restaurer le Parti unique.

I. LES TROIS VISAGES DE L’UPRONA

                    Comment le Parti UPRONA va-t-il glissé vers le statut de Parti-Etat ? L’UPRONA a trois visages correspondants à trois époques très nettement distinctes. D’abord, le bon visage du Parti de l’indépendance, luttant vaillamment avec des moyens de fortune depuis 1959, et qui, en dépit de multiples vicissitudes, triomphes de 18/09/1961 et qui se désagrège lentement mais sûrement de 1962 à 1966.

                  Enfin, le visage actuel, fuyant et insaisissable, du Parti-couverture récupéré et institué parti unique par l’oligarchie gouvernante, dont la peur plutôt que l’idéologie inspire toute la politique depuis 1965.

1. LE PARTI VAINQUEUR

                         Il fut reconnu parmi les tous premiers partis politiques du Ruanda-Urundi en 1959.  Parti parmi bien d’autres, il était alors caractérisé par sa volonté affichée d’unité nationale et par sa quête intransigeante d’indépendance nationale immédiate. Sans doute, les foules furent-elles séduites par des arguments plus concrets. Toujours est-il que le 18 septembre 1961, le cartel UPRONA rafla 58 sur les 64 sièges que devait compter l’Assemblée Nationale, soit 90,6% des sièges à pourvoir. La Tutelle et les Front ou Union qu’elle soutenait furent littéralement écrasés et balayés.

                     Qui vota, pour l’UPRONA ? En gros, les frustrés du régime colonial, les exclus du festin, c’est-à-dire d’abord presque tous les paysans victimes des travaux forcés de développement : agricoles, routiers, portages divers… ils étaient amenés par les femmes qui venaient d’obtenir le droit de vote grâce à Rwagasore et à son Parti. Elles représentent certainement plus de 50% des électeurs. Et ce sont elles que frappaient plus durement ces travaux forcés où elles perdaient régulièrement leurs hommes, maris et fils.

 L’UPRONA passa du jour au lendemain d’une opposition radicale en partie clandestine, au gouvernement et à la gestion du pays.

                     Votèrent ensuite pour l’UPRONA tous les lettrés laissés-pour-compte de la Tutelle et de l‘administration indigène – victimes conscientes de la discrimination raciale et scolaire, séminaristes, moniteurs et d’autres, qui virent dans l’UPRONA, sinon une voie d’accès au pouvoir, au moins un moyen d’enquiquiner les gouvernants. Rares étaient les dirigeants ou cadres de ce parti en bon termes à la fois avec les trois pouvoirs du moment : la Tutelle, l’église catholique et le Mwami.

                          L’Histoire a montré que peu de dirigeants de l’UPRONA avaient sérieusement envisagé la victoire de leur parti en 1961 et donc leur accession rapide aux commandes de l’Etat. Cela, au fond, c’était l’affaire du « PRINCE » -Conseiller Général.

                           C’est donc presque par hasard, et en tout cas très mal préparé à son nouveau statut, que l’UPRONA passa du jour au lendemain d’une opposition radicale, en partie clandestine, au Gouvernement et à la Gestion du pays, éclairée par les avis intéressés d’un quarteron de conseillers privés belges : Deux avocats, JAMAR et VANDERPLANKEN et deux négociants, MEIDNER et BOSSAERS.

                        C’est devenu un lieu commun de dire que, Rwagasore mort, son Parti ne lui survécut guère. L’on a de toutes parts beaucoup fustigé les querelles éclatées au sommet du Parti, pour avoir paralysé l’UPRONA et l’appareil d’Etat de 1962 à 1965.

RWAGASORE disparu, les « leaders » du Parti, la trentaine pour les plus vieux, ne font plus de la politique, ils gagnent leur vie ?

                       En revanche, on passe volontiers sous silence deux faits d’une importance décisive : la propulsion au-devant de la scène politique du débonnaire MWAMBUTSA IV et la récupération de l’administration du pays par les adversaires politiques de l’UPRONA (assistants agricoles, vétérinaires, médicaux, commis, etc…) anciens du PDC, du PDR, qui quadrillaient le pays.

2. LE PARTI ORPHELIN ET DECAPITE

                          Evoquons en passant le parti orphelin et décapité, succombant à toutes les tentations de 1962 à 1965.

                   En plus de cette récupération, qu’est ce qui a fait glisser l’UPRONA du Parti unitaire de 1961 au Parti des factions ethniques de 1965? L’impréparation et l’ignorance politique, RWAGASORE disparu, les « leaders » du Parti, la trentaine pour les plus vieux, ne font plus de la politique, ils gagnent leur vie. Cela n’a d’ailleurs pas changé jusqu’à nos jours. En ce temps empêtrés dans les querelles mesquines perpétuées sous les vocables Casablanca et Monrovia, les leaders de l’UPRONA ne sentent pas leur échapper le pouvoir qu’ils ne savent d’ailleurs pas exercer, ni leur base paysanne dont ils se coupent volontiers eux-mêmes en s’installant dans la capitale, ni, plus surement encore, les lettrés frustrés par le régime colonial.

                       Eux qui se prenaient pour les héritiers présomptifs de la couronne coloniale, ils sont, pour la plupart, renvoyés à leur antique frustration. D’une part, il ne pouvait pas y avoir assez de places pour tous les postulants; mais, d’autre part et surtout, on ne devient pas technicien parce qu’on remporte une victoire électorale, fut-elle écrasante. Inversement, le technicien politiquement vaincu n’en garde pas moins ses qualifications. 

Dès le départ, notre Parti unique, autant dire Parti-Etat, apparait comme une simple couverture. Le peuple dans ce Parti-là, ne compte que pour des prunes.

                   De toute évidence, l’Uprona populaire se mourait depuis l’assassinat de Rwagasore. Mais pas assez vite pour certains. On lui assena le coup de grâce avec l’assassinat de NGENDANDUMWE, le 15/1/1965.Aux élections législatives du 10 mai 1965, ce sont des hutu et des tutsi qui furent élus, bien plus que des Upronistes et des Pepistes (du P.P., N.D.L.R).

Le 19 octobre 1965 fut une consécration tragique, dans le sang, de la rupture intervenue par le sang le 15 janvier 1965.

                        Qui voulait créer ainsi une situation irréversible? Question demeurée sans réponse. Toujours est-il que depuis le 19/10/1965 ; il n’y a plus de Parti UPRONA que le nom, si l’on tient compte de la disparition de la plupart de ces cadres et élus et surtout de la désaffection de la quasi-totalité de ses militants.

3. LE PARTI-ETAT

                      Nous en arrivons enfin au Parti oligarchique. C’est en effet ce parti fantôme, renié et déserté par ses membres, dont les cadres et élus ont été décimés, qui est institué « Parti unique » par l’A.L. n0 001/4 du 2/11/1965 dont l’article 2 stipule : « Par sa primauté, l’UPRONA inspire l’action des organes politiques de l’Etat, afin que cette action se conforme aux aspirations profondes du peuple. Toutes décisions nationales en marge du programme gouvernemental est soumise d’abord au comité directeur du Parti ».

Premier constat : cette disposition n’a jamais été appliquée. La Primauté du Parti n’a jamais été effective sauf dans ce texte.

                Autre constat très significatif : si NTARE V signe l’arrêté-loi du 23/11/1965, ce sont les putschistes du 28 du même mois qui l’inspirent. Ce sont eux qui le mettent brutalement en application début 1967 contre la JNR et l’UNEBA, après avoir créé une union des femmes pour le folklore et forcé à la fusion les petits syndicats existants.

                 Dès le départ, notre Parti unique, autant dire Parti-Etat, apparait comme une simple couverture. Le peuple, dans ce Parti-là, ne compte que pour des prunes. Une question se pose : l’opinion publique était-elle favorable au monopartisme ? L’opinion intérieure, la population paysanne en tout cas, monarchiste, habituée au Parti unique de fait, paniquée par l’exacerbation de l’ethnisme, ce serait volontiers passé aussi bien des partis politiques que de ses élections. Elle était sans nul doute plus contre les partis que pour le monopartisme. Il faut rappeler la formation politique nulle du paysan de l’époque. Les cadres politiques étaient pour le Parti unique, pourvu que le parti agréé soit le leur.

                  De l’extérieur, réunis à Presles (PARIS) du 24 au 28/7/1966, les étudiants burundais d’Europe se sont prononcés pour « un pouvoir fort » seul apte à « apporter une solution aux difficultés économiques et sociales du Burundi. C’est dans ce sens et pour cela que nous avons opté pour un Parti politique unique, un parti de masses qui ne repose pas sur les vieux mythes d’Imana et du Mwami et dont le programme n’est pas celui de la seule campagne électorale ».

                Le Parti unique suggéré par les étudiants n’est certainement pas « l’UPRONA, Parti au pouvoir, (qui) a déçu les espoirs que le peuple avait placé en lui. Par suite de querelles parmi ses dirigeants, ce Parti n’a fait que se désagréger de plus en plus. L’absence de programme, et les querelles au niveau des dirigeants, a entrainé ce Parti tout entier dans la désunion… »

N.B Les étudiants hutus boycottèrent ce congrès.

                 Insistons, car c’est extrêmement important, sur le fait que c’est ce Parti si sévèrement et justement jugé par la jeunesse du pays qui est institué en Parti Unique. Ce qui est important, c’est l’évidence que l’UPRONA instituée Parti unique n’a plus que trois références sûres : son nom, certes encore assez prestigieux ; son héros fondateur, hélas disparu, et le souvenir de son antique victoire du 18/9/1961.

                Une chose est certaine : l’UPRONA n’a plus alors qu’une infime poignée de militants. Et c’est sur ce Parti désagrégé, qu’une oligarchie composite, dont le cadet des soucis est l’idéologie politique, fait main basse dès la proclamation de la République. République, soit dite en passant, dont chacun se réclame dès le moment où la monarchie et les rois semblent définitivement chassés. 

         Avec à la tête du Parti l’homme qui le divisa en Casablanca- Monrovia, que pouvait-on espérer ?

           Jeunes turcs de l’armée, anciens dirigeants des Partis du Front commun et l’UPP (Union des Partis Populaires), jeunes arrivistes frais émoulus des universités d’Europe, quelques rares Upronistes, fraient sans gêne, mais avec suspicion à la tête   de cette UPRONA-là.

         De nombreux congressistes de Presles devinrent les ministres et les dirigeants du Parti UPRONA. Devenu unique, les apparences étaient sauves. Il faut pourtant reconnaitre un fait capital à la déchargé des jeunes de l’époque. Beaucoup ont cru que la République toute neuve et le Parti, redéfini et restructuré, apporteraient des changements bénéfiques à la tête de l’Etat. En introduisant un peu plus de saine politique dans les intrigues mesquines, un peu plus de souci de l’intérêt général dans les querelles individuelles ou de clocher, un peu plus d’objectivité et de mérite dans l’attribution des responsabilités politiques et administratives.

          Le crédit ainsi accordé au Parti unique fut un crédit gaspillé. Car dès sa constitution, les intrigues et mesquineries, la suspicion collective et individuelle, le népotisme, le régionalisme, le clanisme, l’ethnisme furent ériges en arguments politiques et en modes de gouvernement.

Avec à la tête du Parti l’homme qui le divisa en Casablanca-Monrovia, que pouvait-on espérer ?

         Le Parti unique ne peut devenir qu’une mauvaise administration, le laboratoire des intrigues et divisions de toutes sortes. Avec le ministre d’Etat chargé du Parti, toute différence était un motif suffisant de suspicion et d’exclusion.

N.B. A raison d’un an environ chacun, sauf pour le dernier, par ailleurs proche parent du Président, défila ensuite au Secrétaire General ou Exécutif du Parti unique, des hommes aussi différents que

  • J. SIMBIYARA (1967-1968)
  • BIMAZUBUTE (1968-1969)
  • M.NDAYAHOZE (1969-1971)
  • A.YANDA (1971-1972)
  • A.NYAMOYA (1972-1973)
  • B.BIZINDAVYI (1973-1976)

                        En eussent –ils eu la volonté et les moyens, ce qui reste à démontrer, ils n’auraient pas eu le temps de rectifier le tir pour permettre au Parti Unique « d’inspirer l’action des organes politiques de l’Etat… »

Une question lancinante : Pendant que se commettent tant de fautes et crimes, où est le Parti ?

La 1ere République évolua aussi mal qu’elle était partie, avec un Parti laminé.

  • Début 1967 : création de force des mouvements intégrés, assortie de la détention (7mois) des dirigeants de la JNR sur bases régionaliste et clanisme.
  • 1967- 1968 : querelles personnelles autour de MICOMBERO (Ministre du Parti contre Ministre de la justice et commandant des F.A) ; les intellectuels hutu, accusés de collaboration avec les mercenaires de SCHCRAMME terrorisant le Congo-Léopoldville depuis Bukavu se sentent exclus et menacés.
  • 1969 : complot des intellectuels et cadres militaires hutus
  • 1970 : beuveries au sommet et intrigues de bas étage achèvent de ruiner le Parti Etat.
  • 1971 : complot régionaliste trop à propos pour ne pas être suspect.
  • 1972 : l’incurie au pouvoir et la tragédie nationale – pendant des semaines, personne ne gouverne -où est le Parti ?
  • 1973 : toujours des morts pour rien bombardement d’un village tanzanien ; régionalisme et clanisme prennent le dessus à la tête du Parti-Etat.
  • 1974 : toujours la politique d’intrigues, devins à la rescousse ; un influent lobby rwandais, naturalisés et non naturalisés ou naturalisés ailleurs, seconde le groupe de Matana.
  • 1975 : les héros sont déjà fatigués- l’alcoolisme au pouvoir, colère et irascibilité extrêmes ; népotisme et manipulations.
  • 1976 : la fête permanente et le gouvernement en congé. Où est le Parti?

Une question lancinante : pendant que se commettent tant de fautes et crimes, où est le Parti ?

             Mais la question la plus pertinente reste sans doute : qui est (sont) le Parti ? Alors que la charte de l’UPRONA adoptée par le CNR le 9 juin 16 dispose, au point 6 de son préambule, que « la force de l’UPRONA réside dans le respect rigoureux des principes de la direction collective, du développement de la démocratie à l’intérieure… », il n’y eut jamais de « direction collective » ni même collégial du Parti, pas la moindre velléité démocratique, pas plus en dedans qu’au dehors, alentour. Les rares réunions convoquées l’étaient pour le folklore, comme les conseils des ministres hebdomadaires, ou pour l’entérinement formel de décisions prises ailleurs, quelquefois sous l’empire de l’alcool.

             Le réquisitoire du 2 Novembre 1976 n’est pas tendre : seules des réunions démagogiques, sans programme et ne pouvant pas apporter aucune solution aux problèmes du peuple étaient tenues d’une manière d’ailleurs anarchique

Mais la question la plus pertinente reste sans doute : qui est (sont) le Parti ?

           Tenues par qui ? La bonne réponse sera donnée le 5/9/1987 par le Major Pierre BUYOYA, critiquant le fonctionnement du Parti sous la IIème République.

             Les réunions démagogiques étaient « une oligarchie repue, arrogante et d’une prétention sans bornes ». Sociétés créées ou rachetées, immeuble de rapport, etc… Dans une salle de conférence, on demanderait : des noms. BAGAZA n’était pas seul. Toujours est-il que c’est cela le Parti dont nous héritons le 3/09/1987 et qui est redynamisé par des cadres de la IIème République jusque fin 1990. Avec le franc succès que nous savons, c’est-à-dire une base démobilisée ou mobilisée par la force. Voilà un condensé des contradictions insurmontables de l’UPRONA : Parti d’opposition, prématurément décapité, arrivé trop vite au pouvoir sans programme de gouvernement, Parti sans leaders historique- la plupart ayant été décimés et les survivants ayant honte du passé, Parti épisodiquement récupéré comme couverture par les jeunes turcs s’emparant du pouvoir par coup d’Etat, avec l’assentiment d’une jeunesse de plus en plus nombreuse à être confrontée aux problèmes de l’emploi et du chômage , et donc plus préoccupée de survie alimentaire que d’idéologie.

      Un tel Parti peut-il, doit-il être restauré, « redynamisé » ? Si oui, il ne peut s’agir que de l’UPRONA de 1961

            Voilà notre Parti, après trois décennies de monopole politique, existe-t-il vraiment ? Est-ce lui, ce Parti désespérément accroché à son sigle pour idéologie? Ni à gauche, ni à droite, malgré la phraséologie socialisante de ses chartes et statuts. Pendu à l’unité et au progrès- quelle unité et quel progrès- comme un gosse aux frusques de sa grand-mère.

              Un tel Parti peut-il, doit-il être restauré, « redynamisé » ? Si oui, il ne peut s’agir que de l’UPRONA de 1961 ; l’UPRONA du peuple. Et ce Parti ne peut être restauré que grâce au pluralisme et à la concurrence politiques. Le vrai militant politique a horreur du monolithisme idéologique, cette solution de facilité, abandonnée même par la plupart des partis communistes. « Du choc des idées jaillit la lumière »

 II. LA REDYNAMISATION DE L’UPRONA

                  Peut-on faire mieux, tout en faisant la même chose, par les mêmes acteurs ? Tel est le pari engagé depuis le 3 septembre 1987. L’organisation et le déroulement du récent Congrès extraordinaire élargi de l’UPRONA Parti unique, tenu du 27 au 29.12.1990, rappellent et suggèrent irrésistiblement les grand-messes unanimistes et triomphalistes des partis communistes. Simulant des accords parfaits, on y chante à l’unisson, quand bien même certaines octaves sonneraient le glas des officiants.

             Soljenitsyne raconte dans L’archipel du Goulag, comment on assassinait les vieux anticonformistes en faisant applaudir n’importe quoi, toute la salle, debout, à tout rompre, jusqu’à ce que crise cardiaque s’ensuive.

Comme la télévision nationale l’a abondamment montré, le Congrès fut une fête grandiose où le débat n’avait guère de place.

               De fait, le débat a eu lieu ailleurs, avant ; comme cela se passe partout où règne le Parti unique. Le débat pour la forme, dans les colloques et autres réunions publiques, le débat de fond entre gens de bonne compagnie : la NOMENKLATURA. Le rôle des congressistes ? Approuver, entériner ; comme sous la IIème République.

             Ainsi pas la moindre information sur les candidats aux élections ; sur les critères de choix, sur le mandat des « élus », etc……Quels sont les antécédents politiques et les convictions actuelles de ceux à qui, en théorie tout au moins, incombe le soin de fixer l’avenir de notre pays ? Le dosage ethnique et régional ne suffira pas plus aujourd’hui qu’hier à mettre en place de véritables équipes de gouvernement.

              Un professeur du C.H.U de Kamenge et un commerçant de MUYINGA ou de Cibitoke ont-ils la même vision et les mêmes préoccupations politiques que le Commandant d’un bataillon, le Gouverneur de province ou l’enseignant d’une école primaire ou secondaire ? Rien n’est moins sûr.

            De plus ne parlait pas qui voulait : Des libertés, de la démocratie, des responsabilités historiques dans les déchirements d’hier, de la justice sociale, et même de l’unité. En fin de compte, ce qui semble avoir le plus manqué à ce congrès ce sont des élans et des accents véritablement démocratiques et sincèrement unitaires ; autre chose que les réflexes conditionnés du discours officiel.

                Le plus urgent, ce n’était pas de susciter ces élans ou ces accents ; c’était d’éviter les dérapages, pour scorer à 100% tout en sachant la caducité de tels exploits.

               A force de se prémunir contre les dérapages, l’orchestration a fini par devenir un implacable étouffoir. Etouffoir injuste de rares voix dont l’intérêt légitime commandait une certaine discordance comme les « invités » de la diaspora ; dont plusieurs n’avaient pas de mandats de leurs bases. Malencontreux étouffoir aussi des nombreuses voix désireuses de chanter l’unité de la démocratie, en chantant moins faux, avec leurs cordes vocales, à leur diapason, avec des mots à eux, avec leurs cœurs.

Pour promouvoir une politique différente et conduire un véritable changement, il faut avoir le courage de changer d’hommes, d’idées et de méthodes.

          Cela n’a cependant pas suffi pour éviter à la mécanique de se gripper, et de grincer. Car la sélection, quoi qu’impitoyable, n’a pas pu tout filtrer. Des brebis galeuses, « congressistes statutaires », n’ont pu être exclues de la fiesta. Tant pis pour les scores de 100% des votants. Et vive la démocratie.

            En revanche, on a eu quelques panégyriques de choix en langue de bois. Solennels et unanimistes à souhait, les messages de soutien des églises notamment, occultèrent à qui mieux mieux l’acuité, la complexité et l’urgence des enjeux :

  • L’unité des burundais est toujours à faire ; et elle ne le sera pas par charte ;
  • La très fragile démocratie en est à ses premiers balbutiements ;
  • Les droits de l’homme sont encore froidement violés, sacrifiés à la raison d’Etat ou à celle du plus fort.
  • Le développement économique est gravement compromis et pas par la démographie. Il est pensé ailleurs, par d’autres, dans leur intérêt, quelquefois par nous, mais en fonction d’intérêt particuliers ;
  • Le pluralisme politique –pourtant incontournable -est mal accueilli par les caciques du Parti-Etat et donc mal préparé par les pouvoirs publics et les corps constitués. Le renforcement, toutes affaires cessantes, du Parti-Etat, malgré ses défaillances indéniables en trente ans de suprématie, équivaut à une négation de la pourtant nécessaire et salutaire ouverture démocratique.

              Pour gérer tout cela « une nouvelle » oligarchie, ni pire ni meilleure que les précédentes, s’organise à la tête de l’Etat. Les médias officiels, pris pour des médias de cette oligarchie, combattent publiquement le pluralisme politique. Hermétiquement fermés à « l’autre » et à toute différence, ces médias recourent volontiers à l’invective, à la menace et même à l’insulte. Le refus du droit de réponse étant garanti. L’intolérance prêchée par ces médias à l’occasion du referendum sur la charte de l’unité a dangereusement remis en cause les acquis de deux ans de dialogue franc sur l’unité. Voilà ce que les médias de soutien n’ont pas osé dire. Pourtant aucune église n’ignore cette situation. Le pays est dans un tournant décisif et délicat. Ce n’est pas avec les mêmes hommes et les mêmes idées que les régimes précédents que le pays négociera avantageusement le virage. Pour promouvoir une politique différente et conduire un véritable changement, il faut avoir le courage, sinon la témérité, de changer d’hommes, d’idées et de méthodes.

Gilles BIMAZUBUTE 

Philosophie "Ubuntu" d'Itorero

   "UBUNTU TWARAZWE NA BASOKURU BUDUTEGEKA UKWUBAHA NO KUGIRA UBUNTU KU KIREMWA MUNTU COSE KUKO DUSANGIYE UBUNTU" : "L'UBUNTU NOUS LEGUES PAR NOS ANCETRES, NOUS OBLIGE A AVOIR DU RESPECT ET PRATIQUER L'UBUNTU ENVERS TOUTE PERSONNE HUMAINE DU FAIT QUE NOUS PARTAGEONS L'UBUNTU"                                                                                                                                                                                                                                                    La prise de conscience, l’interrogation et la réflexion permanente nous amène à la connaissance de nos maux, de notre histoire, de nos peuples pour une vision conséquente afin de sortir de ce cercle vicieux et bâtir un BURUNDI nouveau, une AFRIQUE nouvelle, avec des leaders responsables, conscients de leurs missions, attachés aux intérêts de leurs peuples. ITORERO sera ce lieu d’échanges et de formation pour les futurs leaders. Le BURUNDI sera le projet pilote, l’AFRIQUE sera l’aboutissement.

« Etre responsable dans un pays sous-développé, c’est savoir que tout repose en définitive sur l’éducation des masses, sur l’élévation de la pensée, sur ce qu’on appelle trop rapidement la politisation."

 

Histoire du Burundi

 

Ukuri gushirira mu kuyaga

 

 

  Dr Alphonse RUGAMBARARA,
  Rohero,
  BUJUMBURA, 
  BURUNDI

 Email: Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
 Website: www.itorero.org

 

 

Mission et Objectifs

C’est une lutte avant tout contre soi-même, pour se reconstruire d’abord, reconstruire les autres, nos Nations et l’AFRIQUE par le Nationalisme, le Panafricanisme et la philosophie de l’UBUNTU

 « L’humiliation du continent africain ne réside pas uniquement dans la violence à laquelle l’Occident nous a habitués. Elle réside également dans notre refus de comprendre ce qui nous arrive » (Aminata TRAORE).