POURQUOI LE BURUNDI EST-IL PAUVRE ? 

En 10 points  

       1. Croissance démographique non maitrisée

                  La population burundaise est passée de 2,9 à 11,9 millions d’habitants, entre 1962 et 2020. Les gouvernements qui se sont succédé n’ont pas su gérer cette croissance démographique, non pas nécessairement, en la limitant, mais en mettant à contribution les dividendes démographiques pour le développement. Le Burundi pourrait bénéficier énormément de la capture de son dividende démographique, et qui pourrait tirer des millions de Burundais de la pauvreté, à condition d’investir dans la formation de la jeunesse, autonomiser les femmes, améliorer la santé de la population, et réduire les inégalités. 

       2. Surexploitation des Terres

               Consécutivement à la croissance démographique, le Burundi s’est engagé dans des pratiques agricoles médiocres, la déforestation, la surexploitation des terres cultivables et des herbages qui épuisent la fertilité de la terre et sèment les graines de la faim. Les terres agricoles fertiles du Burundi sont de plus en plus menacées par l’érosion et la désertification. Ces phénomènes favorisent, par conséquent, la faim, la malnutrition et les maladies y relatives. Il faut noter que le sol est une ressource très faiblement renouvelable dans le sens où sa dégradation peut être rapide, alors que qu’il lui faut plusieurs milliers d’années pour se former et se régénérer. 

       3. Faibles investissements dans l’agriculture

                  En 1992, l’agriculture représentait 68% de la production nationale, en 2020, la part de l’agriculture est descendue jusqu’à 37%, entrainant les crises alimentaires et l’extrême pauvreté. Le gouvernement investit, à peine, 8% du budget national dans l’agriculture. Avec la croissance démographique, l’exiguïté des terres et la perte de fertilité des sols, la production vivrière par habitant a fortement baissé. L’élevage n’est pas soutenu, de même que les programmes de l’agriculture intensive ne sont pas privilégiés par les pouvoirs publics.

   

       4. Le citoyen n’est pas mis au centre du développement national

                      Pendant longtemps, les dirigeants burundais ont pris les citoyens, non pas comme les acteurs et bénéficiaires du développement, mais plutôt, comme des ponts pour se maintenir ou accéder au pouvoir. Par conséquent, les préoccupations des populations en matière d’alimentation, de santé, d’éducation et de bien-être, ne représentent pas les priorités des dirigeants. Les populations sont consultées pour obtenir leurs voix, et leurs préoccupations ne sont pas prises en compte. Elles crient dans le vide, pendant que les dirigeants sont occupés à se remplir les poches et régler les comptes de ceux qui veulent leur en empêcher. La population doit être écoutée et consultée. C’est le principe même de la démocratie participative. Pendant longtemps, les citoyens n’ont pas le droit à la parole et au débat contradictoire. Les partis politiques de l’opposition, la société civile, les organisations de femmes, de jeunes, les médias, tous ces groupes ont le droit de s’exprimer, de façon constructive, surtout, en matière de développement, car les bénéficiaires savent mieux leurs besoins. 

   5. Absence de politique de promotion de l’investissement et des initiatives privées 

                    Les politiques publiques sont basées sur les dépenses publiques, tandis que les opérateurs privés sont relégués au second rang, a moins de servir les intérêts de certains dirigeants, en partageant avec eux leurs capitaux. A cet effet, les interférences des politiciens dans les affaires du secteur privé, la justice qui ne protège pas les investissements privés, ainsi que la corruption, sont les facteurs qui bloquent les investisseurs étrangers à venir investir au Burundi. Ceux qui se sont risqués ont eu des déboires, qui souvent, ont conduit à la faillite de leurs entreprises. Les pays de la sous-région ont bien compris l’importance du secteur privé dans le développement socio-économique, et ont tout fait pour promouvoir ce secteur. 

          6. Mauvaise Gouvernance et Manque de Transparence de l’Administration

                 La mauvaise gouvernance politique et le manque notoire de transparence dans la gestion de la chose publique, handicapent le développement économique. C’est, d’abord, la mainmise et la politisation du secteur public et la monopolisation des contrats publics, ensuite, c’est la corruption, les détournements et la mauvaise gestion des ressources publiques, une justice corrompue et inefficace, la politique de l’impunité, ainsi que l’exclusion et la fermeture de l’espace politique et médiatique. 

        7. Persistance des tensions politiques et meurtres de population civiles

              Depuis l’indépendance nationale, le 1er juillet 1962, le peuple burundais n’a jamais eu de répit. Les tensions intercommunautaires, attisées par les pouvoirs et les élites, ont emporté des milliers de personnes, tandis que d’autres ont pris le chemin de l’exil. Des orphelins, des veuves, des ressources humaines perdu, un climat d’insécurité permanent, qui détruit la cohésion sociale entre les populations, handicapant les programmes de production et maintenant les populations dans l’extrême pauvreté. L’appartenance ethnique. 

        8. Un système éducatif inadapté aux besoins de développement national

                    Les pouvoirs en place ont perpétué un système éducatif, laissé par les colonisateurs, dont la mission principale consistait à préparer les jeunes, non pas, pour prendre en charge le développement de leur nation, nouvellement indépendante, mais, plutôt, pour servir d’intermédiaires de l’administration coloniale. Le Burundi traine encore ce handicap. Les exils forcés ont exacerbé la situation, avec des ingénieurs, des médecins, des économistes, des agronomes qui ont quitté le Burundi, pour s’installer dans des pays d’accueil, en Afrique, en Europe, en Amérique, et ailleurs.

        9. Forte dépendance sur l’aide étrangère 

                   Pendant longtemps, le Burundi a axé son développement sur un système de « Mains tendues », consistant à toujours compter sur l’aide étrangère, que ce soit par les dons ou par les prêts des partenaires de développement et des institutions financières internationales, en délaissant le développement des capacités nationales de production de richesses. Chaque année, l’Etat s’endette, et, malgré les annulations de certaines dettes, les montants de la dette extérieure restent importants. Et quand ces bienfaiteurs internationaux ferment les robinets, pour des raisons politiques et de mauvaise gestion, le pouvoir s’emballe, n’ayant pas d’alternatives. C’est le défi de la dépendance extérieure. 

               10. Réformes nationales économiques décidées de l’extérieur 

                 Ce point est lié au précédent. Les réformes économiques sont souvent décidées par les institutions internationales, sous prétexte de rationalité et de privatisation. Les sociétés régionales de développement rural, mises en place, début des années 80 pour encadrer les populations, augmenter les  productions  vivrières  et  industrielles,  ont  été  démantelées,  sans aucune alternative. Les entreprises publiques ont été privatisées, pour, par la suite, tomber en faillite, et l’émergence d’un secteur privé dynamique est toujours attendue. Les politiques dictées de l’extérieur ne répondent pas nécessairement aux préoccupations de la population. 

Conclusion : 

          Il est temps que le Gouvernement du Burundi entreprenne des réformes qui répondent aux préoccupations des populations, par les populations, et pour les populations, dans un cadre de concertation démocratique. C’est cela la démocratie participative. Personne d’autre n’aime le Burundi que les Burundais eux-mêmes. Le Burundi se meurt. C’est le moment de faire appel à tous ses enfants du pays, où qu’ils se trouvent, et travailler ensemble pour préparer les réformes nécessaires, relancer la production nationale. Les problèmes du Burundi seront réglés par les Burundais. Personne d’autre en dehors du Burundi ne connaît les préoccupations des populations burundaises que les Burundais eux-mêmes. La réduction de la pauvreté et la prospérité partagée sont à ce prix. 

 

 

 

  Dr Alphonse RUGAMBARARA,
  Rohero,
  BUJUMBURA, 
  BURUNDI

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 Website: www.itorero.org

 

 

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C’est une lutte avant tout contre soi-même, pour se reconstruire d’abord, reconstruire les autres, nos Nations et l’AFRIQUE par le Nationalisme, le Panafricanisme et la philosophie de l’UBUNTU

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