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L'une des trahisons de notre Histoire 

 L’IDENTIRE MURUNDI ET LA LUTTE POUR L’INDEPENDANCE

 

LA DESTRUCTION DE L’IDENTITE MURUNDI ET LES DEFIS DE SA RECONSTRUCTION

 

 

LES DAMNÉS DE LA TERRE Chap. III

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 INDEPENDANCE DE LA MAGISTRATURE

 

LA LECTURE, POUR DES DEBATS CONSTRUCTIFS

 

 

Etat de droit

 

 

Afrique profonde

 

         COURS D’EDUCATION POLITIQUE

POUR LES FUTURS LEADERS DU BURUNDI

 

   

     Il était une fois...au BURUNDI

 

 

          Ça va se savoir (1ère partie)

 

       Ça va se savoir (2ème partie)

 

  LES 40 JEUNES MARTYRS DE BUTA

 

LES GENOCIDES AU BURUNDI

DEMOCRATIE OU ACCESSION DU PEUPLE AUX CONNAISSANCES

 

1.Prologue

               Dans le but d’une conférence portant le même titre que le présent article et que j’animais le mois de mars dernier (1991), j’ai posé les quelques questions suivantes :

  1. Au Burundi, pourquoi a-t-on pu convaincre les masses qui y croient toujours que le Parti unique permet de protéger l’unité alors qu’il n’y est jamais parvenu ? 
  2. Puisque la démocratie a été paralysée en présence comme en l’absence des structures dites démocratiques doit-on privilégier les structures au détriment de l’avènement de nouvelles valeurs, d’un nouvel état d’esprit ? 
  3. Est- ce que la vague des multipartismes qui traverse l’Afrique actuelle, dictée par l’effondrement du bloc de l’Est et des bailleurs de fonds annonce une ère vraiment démocratique pour l’Afrique ? 
  4. Étymologiquement, le mot démocratie signifie « pouvoir du peuple ». Pour quoi certains se voient-ils obligés de préciser cette définition en disant que la démocratie est « le pouvoir du peuple, par le peule et pour le peuple »?

      La réponse globale de ces questions se trouve dans l’existence ou carence d’un véritable accès du peuple aux connaissances et à l’information. Le peuple a souvent exercé le pouvoir contre ses intérêts suite à une lacune informationnelle. Là encore, il faudrait savoir s’il l’a véritablement exercé ou s’il a toujours tiré les marrons du feu pour que d’autres se mettent à table.

2. L’après indépendance des partis indépendants

                 Gilles Bimazubute fait appel au Larousse pour rappeler qu’un « parti est une association de personnes constituée en vue d’une action politique ».

               Mais il aurait fallu aussi qu’il précise le sens qu’il donne au mot « Politique ». En principe, la politique comprend, tout ce qui touche à la vie de la polis, la cité structurée en entité. Par conséquent, une action politique se caractérise par une certaine continuité car de son côté, la polis à comme toute structure, la vocation de durer. Il est grand temps de constater que la presque totalité des grands partis indépendants d’Afrique de l’aube des indépendances n’étaient pas des associations politiques selon cette acception ; c’était des associations momentanées à but lucratif pour les dirigeants et à but anti-chicotte pour les masses populaires. Cela n’est nullement le propre de l’UPRONA.

             Partons de l’exemple du PDCI (Parti Démocratique de Côte d’Ivoire). Le PDCI qui devient après 1944, la branche territoriale du RDA (Rassemblement Démocratique Africain) avait eu départ des tendances communistes qu’il abandonna purement et simplement après la déroute du Parti communiste français. On peut donc constater que les dirigeants du PDCI ne se préoccupaient guère du sort de l’Ivoirien mais de la conservation de leur leadership en s’accrochant à la liane la plus solide de la métropole. Ce n’est que par après que le PDCI a comme à jouer l’intransigeant pour l’obtention de l’indépendance.

              De même en Guinée, le PDG (Parti Démocratique de Guinée) de Sékou Touré, devint très populaire et supplanta les autres formations (le MSA de Ibrahim Barry et le Bloc Africain de Diawado Barry) en revendiquant très tôt l’indépendance totale et inconditionnelle.

            Comme le dit Gilles Bimazubute dans son article « l’UPRONA », du Parti indépendantiste au Parti-Etat au Burundi, l’Uprona se caractérisait par sa « quête intransigeante d’indépendance nationale et immédiate ». L’UPRONA a gagné la sympathie de tous ceux qui en avait assez de la chicotte et des travaux forcés en les mobilisant justement pour une indépendance immédiate, seule capable de les débarrasser de l’oppresseur.

        Les dirigeants ont pu reprendre le siège du colon, les masses populaires n’ont plus entendu parler de la chicotte et tout le monde était content. Mais cela ne comportait en soi aucune ébauche de l’avenir.

            Mais une action politique ne doit pas transformer un simple fait d’actualité en une fin. Or tous ces partis se sont concentrés sur les sujets capables à la fois de les porter au pouvoir et de mettre fin à la colonisation, car tous les leaders tenaient à prendre la relève de l’autorité coloniale. Les masses populaires ne pouvaient manquer d’adhérer à une telle action car le colonisateur leur faisait produire de force des denrées qu’ils ne consommaient pas.

           Les dirigeants de ces partis pouvaient réussir ce pari ponctuellement mais pas de manière durable : S’installer à la place du colonisateur avec tous les avantages tout en supprimant les corvées de la population. Ils n’ont jamais dit comment ils allaient s’installer à la tête de l’appareil étatique avec toute une flopée de fonctionnaires salariés tout en supprimant la pression des impôts, des corvées….

            Les dirigeants ont pu reprendre le siège du colon, les masses populaires n’ont plus entendu parler de la chicotte et tout le monde était content. Mais cela ne comportait en soi aucune ébauche de l’avenir.

          C’est pour ces raisons qu’après les indépendances, l’action politique a disparu. En réalité, l’association n’avait jamais fonctionné sur base d’un pacte pérein. L’homme commun n’a jamais eu accès à l’information et à la formation nécessaire pour la traiter. Est-ce que la majorité des ghanéens qui chantaient Nkrumah savaient qu’après l’indépendance leur pays disposait d’une réserve de plus de 600 millions de dollars auprès du trésor britannique et que neuf ans de règne de Nkrumah l’Osagyefo (homme providentiel) ont suffi pour dilapider cet acquis et passer à un déficit annuel de plus de 160 millions de dollars ? A tel point que ce florissant pays des années 1950 n’est point resté la Gold Coast (futur Ghana) mais est devenu la « Misery Coast » aux yeux des économistes.

         Nos politiciens des années 1950, du Burundi ou d’ailleurs, savaient pertinemment bien que leur peuple illettré était parfaitement incapable de comparer des programmes. 

           Est-ce que le Burundais moyen, auquel on a fait savoir que l’acquisition de l’indépendance nous a ouvert tous les horizons, sait que le dernier budget équilibré date de 1950 ?

             En 1960 comme aujourd’hui, les masses non instruites n’étaient pas en mesure de traiter l’information contenue dans les programmes électoraux pour en évaluer le caractère purement propagandiste et sans lendemain. Si les masses populaires détenaient une instruction et une information minimales, elles n’auraient pas continué à adorer des dictateurs dans l’arnaque des masses populaires et qui ont ruiné les économies de leurs pays en quelques années.

Apres l’accès à l’indépendance, les partis n’avaient plus d’inspiration. Ils ne savaient même plus ce qui pouvait encore faire leur différence

           Nos politiciens des années 1950 du Burundi ou d’ailleurs, savaient pertinemment bien que leur peuple illettré était parfaitement incapable de comparer des programmes, de mémoriser les objectifs mis en compétition par les diverses formations. A cette époque, les travaux forcés du colonisateur battaient le plein ; la chasse à l’oppresseur devenait en elle-même une idéologie. N’oublions tout de même pas que l’un des volets de ces travaux forcés était relatif à l’entretien d’un minimum d’arpents de cultures vivrières, ce qui a fait disparaitre les disettes : cela les propagandistes indépendantistes en faisaient abstraction. Apres l’accès à l’indépendance, les Partis (je préfère plutôt parler d’associations momentanées) n’avaient plus d’inspiration. Ils ne savaient même plus ce qui pouvait encore faire leur différence. C’est pour cette raison qu’en réalité les Partis ont disparu y compris ceux qui avaient été victorieux, au profit de l’Etat – clientèle ou bureaucratique. Déjà en 1963 dans son ouvrage « One party gouvernement in Ivory Coast », Zolberg avait localisé cette tendance qui n’a cessé de se concrétiser partout exception faite de quelques Etats à tendance socialo- marxiste.

           L’Arrête Royal 001/34 du 23 novembre 1966 du Roi Charles Ndizeye, l’interdiction de la KPU au Kenya en 1973, l’interdiction de toute opposition en Zambie opérée par Kaunda en 1972, sont venus achever un processus quasiment terminé. En Tanzanie, il n’a même pas été nécessaire de recourir à l’interdiction. Comme tous ces partis d’opposition (tout comme ceux au pouvoir) n’avaient aucun programme alternatif et que quand bien même ils en auraient, les masses n’étaient pas en mesure de localiser les reniements de leurs options politiques, les dirigeants de ces formations se sont rapprochés de la mangeoire.

Pour que personne ne se rende compte de la faillite politique et économique et ne s’en prenne aux élites dirigeantes, ces dernières en bons courtisans ont transformé leurs chefs en demi-dieux

            Au Burundi, l’Uprona n’a jamais été un Parti-Etat. Avant même qu’il ne soit érigé en Parti unique, beaucoup de non-Upronistes étaient déjà dedans. Des non-membres sont régulièrement parvenus à la tête des structures de l’Etat. Cela n’était pas une originalité de l’Uprona, une telle tournure est inévitable aussi longtemps que le pluralisme ne repose pas sur de véritables programmes politiques dans un pays où la majorité du public électoral est en mesure, même sommairement, d’accéder au contenu différentiel des programmes et de pouvoir le recycler en mémoire au moment d’aborder les campagnes électorales.

         C’est pour cette unique raison qu’à la place des programmes, on a vu surgir le folklore pour meubler virtuellement ce désert politique.

3. Le folklore

           La carence totale de politique efficace de développement après les indépendances risquait de mener les masses populaires à la désillusion. Pour que personne ne se rende compte de la faillite politique et économique et ne s’en prenne aux élites dirigeantes, ces dernières en bon courtisans ont transformé leurs chefs en demi-dieux. On a vu aussi fuser de partout des épithètes aussi dépassées que grotesques :

  • L’Osagyefo homme providentiel au Ghana.
  • L’Estaditodelsiglo ou homme d’Etat du siècle de Pérou.
  • Le combattant suprême en Tunisie
  • Le prophète en Libye.
  • L’unique miracle de la patrie en Corée.
  • Le fidèle et suprême serviteur du peuple, Docteur Ès sciences Révolutionnaires, Libérateur des peuples opprimés en Guinée.
  • Mokonzi au Zaïre
  • Le Maza Meza au Burundi

                Comment expliquer tous ces qualificatifs en Guinée pour designer Sékou Touré, l’homme qui a transformé son pays en camps de concentration ? Au Burundi, les courtisans ont poussé l’audace jusqu’à qualifier de Maza Meza celui qui a été incapable de gérer les crises politiques de l’époque.

Comment faire fonctionner valablement le pluralisme dans un pays où la majorité de la population est illettrée ?

              Qu’on le veuille ou non, tous ces mythes et les régimes ruinés qui en résultent s’installent et perdurent parce que la majorité des citoyens manquent d’instructions. De telles supercheries n’ont aucune chance de réussir dans les pays où une grande partie de la population a l’habitude de lire, écrire et débattre de l’information.

4. Epilogue : la voie vers la démocratie

               Nous avons remarqué que la trajectoire de l’UPRONA avant et après l’indépendance est caractéristique de la grande majorité des Partis indépendantistes. Même là où les leaders n’ont pas été forcés de quitter la scène politique, cet échec a eu lieu. Les politiciens ont réalisé que les masses populaires n’avaient pas accès à l’instruction qui leur aurait permis d’évaluer la faillite des programmes et les promesses non tenues. L’inconstance caractéristique des politiciens africains d’hier et d’aujourd’hui est due à ce fait que leurs partisans sont en grande majorité non instruits et ne peuvent pas identifier les trahisons et tirer les conséquences.

             Par ailleurs la démocratie fait appel au pluralisme. Comment faire fonctionner valablement le pluralisme dans un pays où la majorité de la population est illettrée ? Les partis concurrents présentent des programmes, sur base desquels le citoyen choisit. Comment voulez-vous qu’un illettré ou quelqu’un qui met trois minutes pour lire son nom puisse évaluer cinq ou dix programmes et choisir le plus consistant ? Pourtant, c’est la seule façon pour que le citoyen exerce lui-même son pouvoir puisque la démocratie est le pouvoir de l’ensemble des citoyens, pouvoir qui doit être exercé par eux et pour eux-mêmes.

           Remarquons également que le pluralisme doit traduire un état d’esprit des citoyens, sinon il n’aura pas où puiser son dynamisme. Or, la vague de multipartisme qui déferle actuellement sur l’Afrique a été inspirée du dehors. Pensez-vous que les auteurs veulent aider l’Afrique ou tiennent à résoudre une impasse qui sévit chez eux ?

             Constatons également que deux étrangers se réjouissent là où le multipartisme a été instauré. Or, ceux qui pilotent les reformes et instaurent le multipartisme sont ceux qui hier disaient que le pluralisme n’était pas bon pour l’Afrique. Houphouët-Boigny et son parti le PDCI ont piloté les reformes dans leur pays alors qu’ils disaient : « la démocratie est un mode de gouvernement qui convient aux peuples vertueux… Comment espérer qu’elle fonctionne ici ? Nous devons être réalistes. Notre peuple ne connait pas les problèmes auxquels nous sommes confrontés. On ne peut pas le laisser choisir les solutions à ces problèmes écrasants. Il doit approuver les options décidées par une élite ».

             Un autre chef d’Etat africain d’un pays ami répétait sans cesse ceci : « De mon vivant, il n’y aura de multipartisme dans mon pays ». C’est lui-même qui a appelé ces concitoyens à créer des partis. En moins de six mois, il y avait déjà une centaine de formation auxquelles j’hésite à donner le qualificatif de partis politiques, du moins pour la plupart d’entre elles.  De même au Burundi, les fondateurs des nouveaux partis proviendront pour certains de l’Uprona et ses mouvements intégrés. L’Uprona et ces autres partis puiseront leurs animateurs dans cette même mentalité à mon avis pré-démocratique et se contenter de critiquer l’Uprona n’amènera aucune solution pour la réforme des mentalités.  Ce serait trop facile si le simple fait de décréter le multipartisme suffisait pour instaurer la démocratie tout comme on a fait croire qu’il suffisait de décréter le monopartisme pour asseoir l’unité nationale, la stabilité politique et le progrès.

          Toutefois, évitons les malentendus. Naturellement, le pouvoir appartient à tous les citoyens. Par conséquent, reconnaitre qu’ils doivent eux-mêmes opérer, tant au suffrage universel que par représentants interposés les choix des gestionnaires de leur patrimoine, se passe de toute forme de négociation. Mais cette action, si elle est isolée, restera périphérique car elle ne garantit que le pouvoir par le peuple. Pour que cela soit de plus en plus probable, il faut que l’accès des masses populaires aux connaissances et à l’information (non à la propagande) s’améliore

Sans ce processus, le débat politique restera en gargarisme d’une poignée de mandarins, tournera à vide et disparaitra, car c’est la grande inertie des masses qui régulent les mœurs politiques.

Jean Marie SINDAYIGAYA

 

  Dr Alphonse RUGAMBARARA,
  Rohero,
  BUJUMBURA, 
  BURUNDI

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 Website: www.itorero.org

 

 

Mission et Objectifs

C’est une lutte avant tout contre soi-même, pour se reconstruire d’abord, reconstruire les autres, nos Nations et l’AFRIQUE par le Nationalisme, le Panafricanisme et la philosophie de l’UBUNTU

 « L’humiliation du continent africain ne réside pas uniquement dans la violence à laquelle l’Occident nous a habitués. Elle réside également dans notre refus de comprendre ce qui nous arrive » (Aminata TRAORE).